Roches et carrières en Valais

Une revue approfondie des aspects géologiques, techniques, historiques et socio-économiques des carrières en activité sur le territoire valaisan au cours des trois derniers siècles

Constatant la disparition rapide des archives liées à l’activité des carrières en Valais, les géologues et chercheurs Daniel A. Kissling, Michel F. Delaloye et Hans-Rudolf Pfeiffer ont résolu de sauvegarder ce patrimoine en récupérant ces informations avant qu’il ne soit trop tard, et en les rendant accessibles au public. À l’issue de leurs travaux, plus de 570 carrières ouvertes sur le territoire du Canton du Valais durant les trois derniers siècles ont été répertoriées et documentées. Les résultats de cette recherche passionnante sont présentés dans l’ouvrage « Roches et carrières du Valais ». Un ouvrage qui porte un regard pertinent sur l’évolution des techniques d’exploitation de la pierre et les aspects historiques et socio-économiques de l’activité des carrières en Valais, tout en évoquant leur contexte géologique.

Les conglomérats verts de la Plane, Commune de Salvan.
Roche sédimentaire détritique formée il y a environ 290 Million d’années. La carrière de la Plane a été ouverte dans les années 1970, mais d’anciennes pièces ornementales montrent que le conglomérat était exploité bien auparavant déjà. Appelée aussi « Vert des Glaciers », la pierre a été utilisée dans la confection de nombreux bâtiments en Suisse et en Allemagne. Photo: Daniel A. Kissling

Cet ouvrage est le fruit d’un long travail de compilation qui a duré plus de 5 ans. Les trois chercheurs ont largement exploité les nombreuses archives communales, cantonales et fédérales (Commission géotechnique suisse, Service géologique national) pour en extraire les informations concernant l’exploitation des carrières valaisannes et recomposer l’histoire de leur activité. Ces données ont été complétées par des observations de terrain soigneusement effectuées par les trois géologues dans le but de valider la localisation et la géologie de chaque carrière recensée à l’aide des archives. Quant aux informations concernant l’activité socio-économique des carrières, elles ont souvent pu être étoffées grâce aux archives de la presse locale.

Le sous-sol valaisan a largement été exploité pour la diversité de ses ressources minérales depuis plus de trois siècles. Jusqu’au milieu du XXe siècle, l’activité minière était omniprésente en Valais et marquait encore le paysage du Canton. Renforcée par la révolution industrielle et l’arrivée du chemin de fer, l’exploitation de la pierre subit un net déclin d’activité dans la deuxième partie du XXe siècle avec l’apparition du béton, de la brique industrielle et des métaux non ferreux. Dans ce contexte en pleine mutation, l’intensification de l’importation de matériaux de l’étranger a provoqué la chute des exploitations locales. Aujourd’hui, seule une dizaine de carrières sont encore actives en Valais, contre une cinquantaine au début du XXe siècle.

La Prasinite de Martémo – La pierre d’Évolène, Commune d’Évolène.
De couleur verte et riche en veines de calcite, la prasinite est une roche métamorphique d’origine volcanique. Petite carrière artisanale, la carrière de Martémo est devenue dès 1961 une exploitation commerciale productive. La pierre d’Évolène est reconnue pour être l’une des plus belles pierres ornementales du Valais. Photo: Michel F. Delaloye

Le territoire valaisan est reconnu pour être « riche en mines pauvres » : riche dans la variété des roches qu’il offre et pauvre en gisements précieux. Cette variété de roches qui fait, ou a fait l’objet d’une exploitation, comprend entre autres les calcaires de Saint-Léonard, les marbres de Saillon, les granites de Monthey-Collombey, les ardoises de Dorénaz, les quartzites de St-Nicolas, la pierre ollaire de Breiterbach ou encore le conglomérat vert de Salvan. Cette diversité a non seulement contribué au développement du Canton du Valais, mais également servi la réputation de ce dernier, en Suisse et à l’étranger, en tant que producteur de matières premières minérales destinées à la construction et à l’ornement.

L’ouvrage « Roches et carrières du Valais qui propose une revue de l’histoire des carrières valaisannes et de leur géologie peut d’ores et déjà être considéré comme une publication de référence, aussi bien pour le spécialiste que pour le non-initié. En publiant ces informations précieuses sur les carrières, les auteurs contribuent ainsi à pérenniser cet aspect de la connaissance du patrimoine naturel et socio-culturel du Valais, relativement peu documenté et menacé de tomber dans l’oubli. Ils redonnent une visibilité à ces carrières valaisannes qui disparaissent petit à petit là où la nature reprend ses droits.

Dans le cadre de l’élaboration de cet ouvrage, le CREALP a apporté son soutien technique pour la gestion informatisée de l’inventaire des carrières et la production des documents cartographiques.

La pierre ollaire de sous Aiguilles de La Lé, Commune de Grimentz-Moiry.
Blanchâtre de par sa teneur en talc, la pierre ollaire est une roche métamorphique issue de la croûte océanique de la Thétis alpine. Très probablement déjà active au XVIIIe, cette grande carrière est aujourd’hui laissée à l’abandon. La pierre ollaire des sous Aiguilles de la Lé a servi à la confection de nombreux fourneaux. Photo: Daniel A. Kissling

Informations

Chef de projet : Pascal Ornstein

Pour aller plus loin

Kissling D. A., Delaloye M., Pfeifer H-R. (2016). Roches et carrières du Valais.

Centre de recherche sur l'environnement alpin